Christianisme Orthodoxe

06-09-2016

Avec la bénédiction de Monseigneur Simon, l’icône « en mémoire du sauvetage miraculeux de l’empereur Alexandre II » a réintégré sa place avec un nouvel encadrement doré à l’église St. Nicolas de Bruxelles.

Cette icône d’apparence et de dimensions modestes (35 x 30 cm.) peinte dans le style du XIXe siècle représente cinq saints alignés. Elle passerait inaperçue s’il n’y avait une date, « 4 avril 1866 », et une inscription en slavon : « en mémoire du sauvetage miraculeux de l’empereur Alexandre Nikolaievtch ».

 «Le 4 avril 1866, à quatre heures de l’après-midi, l’empereur quitte le jardin d’Eté où il fait sa promenade habituelle et se dirige vars la calèche qui l’attend à la grille. Il est accompagné d’un neveu et d’une nièce (…) Quelques badauds se sont assemblés, comme d’habitude, pour assister à sa sortie. Au moment où il va monter en voiture, un individu se détache du groupe et brandit un pistolet dans sa direction. Placé à côté de lui, un paysan hurle : « Que fais-tu là ? » et d’un geste rapide détourne l’arme. Le coup part, mais la balle est déviée,….

Le soir même un office d’action de grâces  est célébré dans la cathédrale de Kazan devant l’icône miraculeuse de Notre Dame de Kazan en présence de toute la famille impériale et en présence d’une foule nombreuse.

Tout Saint-Pétersbourg est en émoi. Les gens sortent dans la rue les larmes aux yeux. Ils chantent Que Dieu protège le Tsar ! »[1].

Ce coup de feu est le premier tiré contre un tsar de Russie. Il retentit réellement comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mais, il devait préfigurer de nombreuses autres tentatives d’atteintes à la vie de l’empereur jusqu’à son assassinat en 1881. Il préfigurait aussi la révolution de 1917, la tuerie de toute la famille impériale, les années de persécutions religieuses et de souffrance de toute la Russie.

Cette icône, a été probablement produite en de nombreux exemplaires tout de suite après l’attentat manqué. Elle figure déjà dans l’inventaire de la paroisse de 1880. Nous ignorons si des répliques subsistent en Russie ou ailleurs.

L’icône représente les cinq saints, dont une sainte martyre, qui sont vénérés le 4 avril (ancien style) par l’Eglise russe. L’icône a été peinte en reconnaissance de leur intercession pour la vie de l’Empereur ce jour là.

On peut dire que les saints de l’icône, byzantins pour la plupart, par leur exemple, leur enseignement, ou leur vie ont chacun à sa façon un rapport avec la Sainte Russie, qui a reçu sa foi orthodoxe de Byzance. Ils continuent à prier pour elle.

-         La sainte martyre Pherboutha (IVe siècle), sœur de l’évêque martyrisé par l’empereur de Perse, fut - parce que chrétienne, - faussement accusée avec sa sœur et leur servante d’avoir voulu empoisonner l’impératrice. Elle a préféré la mort au mariage proposé  par le principal de ses détracteurs,  subjugué sa beauté.

-         Saint Zosime de Palestine vécut au VIe siècle dans un monastère éloigné en Jordanie. C’est lui qui rencontra un jour dans le désert Marie l’Egyptienne. Après sa mort il raconta la vie de cette sainte, qui sera tant vénérée dans l’Eglise orthodoxe russe. Chaque année la vie de Marie l’Egyptienne est rappelée au début du Grand Carême dans les lectures du Canon de Saint André de Crète.

-         Saint Georges de Maléa (Le silencieux), mieux connu dans l’Eglise d’Orient qu’en Occident, vécu au IXe siècle dans un monastère du Péloponnèse, menant une vie très ascétique et silencieuse. Ses contemporains l’avaient dénommé « ange terrestre ».

-         Saint Joseph l’Hymnographe (IXe siècle), à un moment exilé à Kherson en Crimée, et proche du Patriarche Photius, composa les canons des 8 tons musicaux chantés encore toujours aux vêpres orthodoxes, ainsi que les hymnes et canons bien connus en l’honneur de la Mère de Dieu et de Saint Nicolas.

-          Saint Zosime de Vorbozomsk, le seul russe de l’icône, vécut au XVIe siècle. Recherchant la solitude à l’exemple des moines byzantins, il s’installa sur une île déserte du lac Vorbozomsk au nord de la Russie, où il fut rejoint par des disciples. La communauté devint un petit monastère qui existât jusqu’au XVIIIe siècle lorsque dans le cadre de la réorganisation des communautés monastique en Russie, il fut supprimé. Mais plus tard auprès de l’église avec le tombeau du saint, qui avaient été préservés, c’est une communauté de femmes qui se développa, dépendant du monastère voisin de Goritsi. En l’honneur du saint vénéré à cet endroit, la dernière higoumène reçu le nom féminisé de Zosima. Après la révolution le monastère fut définitivement fermé, et en 1937, dans la vague des persécutions staliniennes contre les croyants, Mère Zosima, fut fusillée avec toutes ses moniales[2].



[1] Tiré de « Alexandre II », Henri Troyat.

[2] « Vera » Khristianskaya Gazeta Severa Rossii, N°449

 


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