La rencontre des chefs religieux de l’Europe avec les autorités de l’Union européenne

Le 30 mai 2006 la Commission européenne a accueilli les représentants des principales religions de l’Europe : du christianisme, de l’islam, du judaïsme et du bouddhisme. L’Union européenne était représentée par Manuel Barroso, président de la Commission européenne, Wolfgang Schüssel, le chancelier fédéral de l’Autriche, pays qui préside actuellement l’U. E., Margot Wallström et Franco Frattini, vice-présidents de la Commission européenne, Jan Figel et Vladimir Spidla, membres de la Commission, et Michael Weninger, conseiller politique du président de la Commission.

L’Eglise orthodoxe était représentée à la rencontre par le métropolite Emmanuel (Adamakis) de France, représentant du Patriarcat de Constantinople auprès de l’Union européenne, l’évêque Hilarion (Alfeyev) de Vienne et d’Autriche, représentant de l’Eglise orthodoxe russe auprès des institutions européenne, et l’évêque Athanase (Hatzopoulos) d’Achaïe, représentant de l’Eglise de Grèce auprès de l’Union européenne.

L’Eglise catholique y était représentée par le cardinal José da Cruz Policarpo, patriarche de Lisbonne, le cardinal Christophe Schönborn, archevêque de Vienne, Mgr Adrianus H. van Luyn, évêque de Rotterdam et président de la Commission de l’épiscopat de la Communauté européenne (COMECE).

Richard Chartres, l’évêque de Londres, représentait l’Eglise d’Angleterre, l’évêque Wolfgang Huber représentait l’Eglise évangélique luthérienne d’Allemagne et Jean-Arnold de Clermont, la Conférence des Eglises européennes.

Le bouddhisme était représenté par le Dalaï-Lama XIV ; le judaïsme, par Albert Guigui, grand-rabbin de Bruxelles, et René Gutman, grand-rabbin de Strasbourg ; l’islam, par Anas Schakfeh, président de la Communauté musulmane officielle d’Autriche, l’imam Abduljalil Sajid, membre du Conseil musulman pour l’harmonie religieuse et raciale, et l’ayatollah Seyyed Abbas Ghaemmaghami, directeur du centre musulman de Hambourg.

Tous les représentants religieux ont été conviés au déjeuner à la Commission européenne qui a été suivi de la conférence de presse de M. Barroso et de W. Schüssel au sujet du rôle des religions en Europe. Ce sont eux qui ont ouvert la rencontre elle-même au cours de laquelle chaque représentant religieux a été invité à présenter sa vision de l’avenir du dialogue entre l’Union européenne et les organisations religieuses.

Dans son discours l’évêque Hilarion de Vienne et d’Autriche, représentant de l’Eglise orthodoxe russe auprès des institutions européennes, a affirmé : « Je représente le Patriarcat de Moscou, la deuxième Eglise après l’Eglise catholique romaine par le nombre de fidèles qui s’élève à environ 160 millions de personnes. Le Patriarcat de Moscou est la confession majoritaire en Russie, en Ukraine, en Biélorussie et en Moldavie. C’est la confession la plus importante en Lettonie ; en Lituanie et en Estonie les fidèles du Patriarcat de Moscou représentent une minorité importante. Le Patriarcat de Moscou a des diocèses et des paroisses en Europe occidentale et orientale, en Asie, au Moyen-Orient, dans les Amériques, en Affrique, en Australie et même en Antarctide. »

L’évêque Hilarion a noté ensuite que le Patriarcat de Moscou a plusieurs diocèses, des centaines de paroisses et des millions de fidèles sur le territoire de l’Union européenne. Au cours des quinze dernières années, à cause de l’émigration en provenance des anciennes républiques soviétiques, de nombreux fidèles orthodoxes russes se sont retrouvés en Europe occidentale où ils ont fondé des communautés religieuses devenus des centres culturels et spirituels. Cependant, le Patriarcat de Moscou n’est pas l’Eglise des Russes seuls : c’est une Eglise multinationale qui utilise largement d’autres langues dans la liturgie et la prédication.

Selon l’évêque Hilarion, l’avenir de l’Europe dépend du système de valeurs qui en sera le fondement : « Aujourd’hui nous pouvons constater le conflit entre les personnes aux idéaux religieux et ceux dont la vision du monde s’est formée sous l’influence de l’humanisme séculier. Bien entendu, en parole les humanistes reconnaissent le droit de l’homme de confesser n’importe quelle religion ou de n’en confesser aucune, car il n’aurait pas été correct politiquement de refuser aux religions le droit à l’existence. Pourtant, en réalité, l’humanisme est en grande partie antireligieux et aspire à affaiblir la religion, à l’enfermer dans des ghettos, à l’exclure de la sphère publique, à minimiser son influence sur les gens, en particulier les jeunes. La dimension séculière, anti-ecclésiale et anticléricale de l’humanisme contemporain est manifeste. Dans la mesure où l’idéologie humaniste revêt de plus en plus la forme d’un sécularisme militant, que le conflit entre elle et la religion se fait sentir de plus en plus fortement. »

Pour harmoniser les différents systèmes de valeurs en Europe, un dialogue permanent entre les responsables de l’Union européenne et les représentants des diverses religions est nécessaire. Aujourd’hui ce dialogue a un caractère informel ; il est indispensable de créer des fondements pour un dialogue officiel et structuré auquel toutes les religions traditionnelles de l’Europe doivent prendre part. Il s’agit du christianisme, du judaïsme, de l’islam et du bouddhisme.

The President of the European Commission José Manuel Barroso and the Chancellor of Austria Wolfgang Schüssel Meet with European Religious Leaders

Bishop Hilarion of Vienna and Austria: Address at the Meeting of the European Commission President José Manuel Barroso and the Chancellor of Austria Wolfgang Schüssel with Religious Leaders on 30 May 2006