COLLOQUE SUR L’EMIGRATION RUSSE EN BELGIQUE
La
journée de colloque scientifique international intitulée «
Cultures en contact : présences russes en Belgique (1800-2005) »,
était organisée, en français, néerlandais et
anglais, dans les locaux de l’Académie royale flamande des
sciences et des arts au Palais des Académies à Bruxelles,
en collaboration avec Europalia-Russie et la Fondation pour la préservation
du patrimoine russe dans l’Union européenne. Elle vit l’intervention
des professeurs Catherine Andreyeva (Oxford), Vladimir Ronin (Anvers), Wim
Coudenys (Louvain), du docteur Nicolas Bieliavsky, de Nadejda Avdioucheva-Lecomte
et du père Serge Model (secrétaire du diocèse du patriarcat
de Moscou en Belgique).
La séance fut ouverte par le Secrétaire perpétuel de l’Académie royale flamande, que suivit une intervention de P.-E. Champenois, commissaire-général d’Europalia-Russie, et de Daniel Stevens, président de la Fondation pour la préservation du patrimoine russe dans l’Union européenne. Dans l’ensemble, on comptait environ 90 participants, parmi lesquels l’ambassadeur de Russie en Belgique et l’archevêque Simon de Bruxelles et de Belgique.
Dans son exposé, le père Serge Model a indiqué que l’histoire des églises orthodoxes russes en Belgique est une question complexe, en raison tant du développement interne de celles-ci que des liens avec l’ensemble de l’Eglise russe, en Russie ou dans l’émigration.
L'émergence
de l'orthodoxie en Belgique date du XIXe siècle : en 1862 apparaît
la première église, auprès de l’ambassade russe
à Bruxelles. L’essentiel de la présence orthodoxe dans
le pays proviendra cependant des émigrations du XXe siècle.
D'abord, celle des Russes après la révolution de 1917, qui
formera plusieurs paroisses à travers le pays dans les années
1920-30, et installera un premier évêque à Bruxelles
en 1929 (le diocèse sera reconnu en 1937). La division de l’Eglise
russe en trois groupes ou « juridictions » se fera cependant
sentir : des communautés des différentes obédiences
seront créées en divers lieux, de manière indépendante
voire parallèle. Deux églises « véritables »,
avec coupole, seront construites (à Bruxelles et à Liège).
La guerre et l’après-guerre verront des changements notables
: résistance ou collaboration, mais aussi arrivée d’une
nouvelle « vague » d’émigrés marqueront
le paysage. Dans les années 1960-70 apparaîtront les communautés
« occidentales », célébrant en langues locales
(français ou néerlandais). En 1985, l’Etat belge reconnaîtra
officiellement l’Eglise orthodoxe, au même titre que les autres
religions. La disparition de l’URSS et la nouvelle vague d’immigration
qui en a résulté ont redonné vie à de nombreuses
paroisses.
Aujourd’hui, la Belgique compte plusieurs milliers d’orthodoxes russes ou russophones. Une quinzaine de communautés relèvent de trois « juridictions » (patriarcat de Moscou, archevêché d’Europe occidentale du patriarcat de Constantinople, Eglise hors-frontières). Cependant, ces divisions semblent s’estomper au profit de la prise de conscience d’un enracinement local et de contacts plus étroits avec la patrie d’origine.
Les autres sujets traités furent : « l’émigration russe dans une perspective historique » (C. Andreyeva), « les Russes en Belgique de 1800 à 1914 » (V. Ronin), et « les Russes en Belgique de 1914 à 2005 » (W. Coudenys), « les artistes russes en Belgique » (N. Avdioucheva), « les militaires russes » (N. Bieliavsky) et « les Russes au Congo » (V. Ronin). Certains exposés suscitèrent de nombreuses questions et témoignages complémentaires. La conférence s’acheva par une réception dans les locaux de l’Académie, laquelle se chargera de la publication des actes de la journée.